Article
13 février 2023

Dans un rapport présenté début décembre 2023 au ‘Kern’ (gouvernement fédéral), le gestionnaire de réseau de transport (TSO) Elia a clairement identifié un risque important à moyen terme pour la sécurité d’approvisionnement en électricité de notre pays. Les hivers 2025-2026 et 2026-2027 sont ainsi considérés particulièrement à risque avec un manque potentiel de 1.200 MW de capacité dans le périmètre de production belge lors du premier hiver, et l’éventualité de prévoir un ‘buffer’ de 1.600 MW additionnels pour l’hiver suivant, ce au cas où les réacteurs nucléaires prolongés ne seraient pas disponibles pour cet hiver 2026-2027.

Les déficits anticipés résultent d’une dégradation de la situation européenne en matière de capacités de production et plus particulièrement d’une réduction des possibilités d’importer à la suite des problèmes de disponibilité du parc nucléaire français.
Les volumes annoncés correspondent à des contributions effectives en période de pointe de consommation.

Notons qu’une nouvelle étude d’adéquation et de flexibilité d’ELIA – couvrant la période 2023-2024 est attendue en juin 2023. Elle pourrait constater une éventuelle aggravation de la situation. Elle devrait nous apporter une vue affinée sur le volume de capacités manquante pour ces deux hivers.

La FEBEG alerte depuis un certain temps déjà sur l’existence de ces risques (voir les articles suivants à ce sujet => articles 123). La confirmation de ce risque par Elia conforte notre opinion à ce sujet.

Pour 2025-26, nous devons encore trouver 1.500 MW (capacité réservée pour l'enchère CRM Y-1) auxquels il faudrait ajouter 1.200 MW résultant de la dégradation du scénario d’adéquation initial. Cela correspondrait donc à environ 2.700 MW de capacité dite 'réduite' (derated).

La FEBEG s’interroge fortement sur la possibilité de trouver de telles capacités dans les temps impartis. Elle a par ailleurs averti précédemment qu’une initiative telle que la trajectoire de réduction des émissions de CO2 (critère d’éligibilité au CRM) risque d’exclure la participation de certaines capacités existantes à ce dernier.
Cela augmenterait encore les volumes nécessaires de nouvelles capacités en vue d’assurer un niveau adéquat de sécurité d’approvisionnement dans les années à venir.

La FEBEG insiste une fois de plus pour que le gouvernement se saisisse fermement de cette question et envisage des solutions pour combler ce déficit de capacité.

Marc Van den Bosch, general manager, FEBEG : « Il faut effectivement explorer toutes les pistes afin de déterminer la manière la plus efficace et économique de combler le déficit de capacité identifié. Nous rappelons que l’une des pistes à explorer est de renforcer le volume de nouvelles capacités dans le cadre du mécanisme de rémunération de capacité (CRM), et ce particulièrement en ce qui concerne les capacités pilotables. Nous constatons que le design du CRM n’offre pas un cadre d’investissement propice; en témoigne le résultat de la dernière enchère de capacité T-4 où aucune capacité n’a été contractée ».